Livre : « Vaincre Macron » de Bernard Friot

Les conquis sociaux du Conseil National de la Résistance de 1945, entre autres la création de la Sécurité sociale, se sont fait dans la joie et la bonne humeur par la classe ouvrière, en position de force face à un patronat décrédibilisé par sa collaboration avec les nazis pendant la seconde guerre mondiale.

Pour lutter contre ce prisme simpliste de l’histoire, Bernard Friot nous montre à quel point la lutte pour la généralisation et l’unification à tous les secteurs (en 1946) du Régime Général de la Sécurité sociale (qui existe bien avant 1945) est au contraire le fruit d’un combat acharné du Parti Communiste et notamment du ministre du travail Ambroise Croizat ainsi que de la CGT contre les représentants du patronat, les députés gaullistes mais également des députés SFIO et de certains syndicats (CFTC etc.).

Depuis 1946, le patronat et ses représentants politiques vont alors tout faire pour détricoter cette avancée majeure dans la lutte pour l’émancipation des travailleurs. Pourquoi ?
Car le Régime Général institué en 46 est le cauchemar de la bourgeoisie :

-Un système de cotisation très large permettant la mise en commun d’une grande partie de la valeur économique créée par les travailleurs et gérée par les travailleurs eux-mêmes.

-Une sortie de la vision capitaliste de l’investissement (crédit, puis investissement puis remboursement du crédit et de ses intérêts aux préteurs capitalistes) pour une vision communiste : cotisations, puis subvention, puis production de valeur permettant de nouvelles cotisations etc. ( par exemple dans les années 60-70, pendant 10 ans nous avons créé ou transformé un hôpital par jour sans faire appel au crédit, uniquement grâce à la cotisation/subvention et donc sans rémunérer de capital, dit autrement : sans enrichir les banquiers et autres prêteurs-voleurs).

-Et enfin un changement anthropologique radical dans la manière de considérer le salaire : celui-ci n’est alors plus (pour une grande partie de la population : fonctionnaires, retraités etc.) une rémunération du poste de travail mais une reconnaissance de la qualification de la personne. La création de valeur économique n’est donc plus uniquement le fruit de la mise en valeur du capital détenu par la bourgeoisie mais la reconnaissance sociale du travail effectué par les individus.

Bernard Friot nous expose son point de vue selon lequel pour vaincre Macron et son monde, il est urgent de reprendre le combat sur la socialisation de la valeur économique que nous créons (extension de la cotisation/subvention). Mais également de reprendre la lutte pour la propriété d’usage des moyens de productions par les travailleurs (les travailleurs, qui produisent la valeur économique sont plus légitimes à être propriétaires de leurs outils de travail que le patron ou l’actionnaire qui ne produisent rien et accaparent une partie de la richesse produite). Cette propriété d’usage permettra à chacun d’avoir son mot à dire sur l’organisation du travail, sur ce que l’on produit ou que l’on ne veut pas produire et sur la répartition de la valeur économique produite.

Enfin, last but not least, Friot nous montre l’importance de la mise en place d’un salaire à vie inconditionnel et évolutif (salaire à la qualification personnelle) afin de libérer les travailleurs de l’aléa du marché de l’emploi capitaliste et libérer les énergies individuelles afin de créer un système économique communiste (non ce n’est pas un gros mot).

Un livre plutôt facile d’accès, avec une reconstitution historique du combat communiste pour l’émancipation des travailleurs, proposant une vision à contre-courant des points de vue capitalistes, sociaux-démocrates et syndicalistes contre-révolutionnaires et proposant une vision positive des mouvements ouvriers. Très intéressant !

Par Simon


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