Érosion des sols, coulées de boue : bienvenues chez les Ch’tis !

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J’ai assisté à la projection du film documentaire « Paysans du ciel à la terre », mardi 5 décembre 2023, au Cinélac de Ploërmel. Une projection organisée par le Syndicat mixte du Grand Bassin de l’Oust lors de la journée mondiale des sols. (Quand nous en aurons fini avec toutes ces journées « pour », les consciences auront bien évoluées : journée pour les femmes, pour les LGBT, pour la paix, pour les secrétaires etc…). Ce documentaire cible les Hauts de France pour sensibiliser sur la problématique catastrophique qu’est l’appauvrissement des sols. Je livre ici mon point de vue …

Grace à des prises de vues aériennes, des rencontres avec des agriculteurs.ices, un expert biologiste, un élu local, un état des lieux de la dégradation des sols est réalisé et des possibilités de remédier à cette catastrophe sont présentées.
Je ne vais pas faire un article sur le contenu du film car nombre d’entre vous sont bien informés sur les causes de la dégradation des sols (agriculture intensive, labours, utilisation des phytosanitaires, disparition des bosquets, buissons, arbres…) et sur les solutions pour remédier à ce désastre (agriculture bio, désherbage mécanique, couverture végétale des sols, agriculture de conservation des sols…). Je vais plutôt vous parler de mon ressenti suite à cette projection et au débat qui y a fait suite.


Comme je suis native du Nord, ayant vécu pendant 30 ans chez les Ch’tis (maintenant « les hauts de France », ça fait mieux pour la bonne bourgeoisie nordiste), les premières images me rappellent des paysages bien connus : prises de vue sur la beauté graphique des paysages, de ces étendues de parcelles agricoles immenses, colorées, plus esthétiques vue du ciel qu’au raz des pâquerettes (quand il y en a) et soudain, surgissant de ces étendues des formes énigmatiques qui ironiquement me font penser à des arbres avec leur tronc, leurs branches, leurs racines. Comme si, symboliquement, ils me rappelaient que nous les avions arrachés, détruits et qu’ ils reprenaient vie avec véhémence sous forme de coulées de boue, de terre. Pour nous prévenir d’ arrêter de détruire le sol, de bétonner, d’anéantir tout ce qui nous semble « mauvais », non productif.

Ces coulées de terre sont catastrophiques pour les agriculteurs.ices, et pour les citoyen.e.s qui en subissent les conséquences. Nous sommes tous.tes responsables de ces phénomènes. Et au lieu de nous placer comme victime d’une nature qui veut nous faire comprendre que nous sommes dans une impasse, écoutons là ! La planète n’a pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’elle !

Quant au débat, je l’ai trouvé, comme dirait nos « djeunes », un peu mou du genou. Djeunes un peu absents à la séance d’ailleurs. Mais heureusement, ce documentaire pédagogique a été et sera diffusé dans des lycées et des lycées pro-agricole. Et, bonus, à l’assemblée nationale, le 6 décembre 2023 !
En effet, lors du débat, j’ai ressenti que pour ne pas heurter, ne pas faire de conflits entre les agriculteurs, il a été présenté que l’utilisation de glyphosate à dose « modérée » n’était pas source de nuisance… J’aimerais que l’on m’explique ! Il me semble paradoxale de pratiquer une agriculture conservatrice du sol et de pulvériser sur le couvert du glyphosate.

Il parait qu’il faut prendre le temps de la transition, du changement dans l’agriculture, que cela ne se fait pas du jour au lendemain… Mais un peu de sérieux ! ça fait combien de temps que des scientifiques, des écologistes, nous préviennent de la nécessité urgente d’un changement de paradigme ? Les agriculteur.ice.s conventionnel.le.s ont les infos pour évoluer vers l’agroécologie, et si leurs pratiques ne changent pas, ce sera pire que les coulées de terre !

Au lieu de mettre les panneaux à l’envers à l’entrée des villes et des villages, ils devraient mettre leurs têtes et leurs réflexions à l’endroit et obliger le gouvernement à les aider dans une reconversion immédiate.

Et à nous, consommateurs.rices, de faire nos choix dans notre alimentation, de voir tout ce qui n’est pas noté sur les étiquettes : pesticides, perturbateurs endocriniens pouvant provoquer des allergies, des maladies auto immunes, des cancers. Ces aliments peuvent nuire à votre santé. De plus, quel impact a sur les dépenses de la sécurité sociale une telle alimentation ? La logique voudrait que le bio soit privilégié et accessible à toutes et tous. Ce qui n’est pas le cas…


Olivia

« paysans du ciel à la terre », un documentaire réalisé par Hervé Payen, Musique : Agathe Vannieu , et narrateur : Philippe Frutier (photographe aérien).

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