Livre : « Makhno, une épopée », de Malcom Menzies

Une biographie de Nestor Makhno dans laquelle l’auteur, Malcom Menzies, revient sur l’épopée du célèbre anarchiste et de son armée, la Makhnovtchina.

Par Simon

Né en 1889, fils de paysans d’une des parties les plus pauvres de l’Ukraine, Nestor Makhno a eu un destin incroyable. Lors de la révolution russe de 1917, Makhno, alors incarcéré pour ses activités politiques, est libéré de prison et va peu à peu commencer à former une armée, composée de militants anarchistes, qui entrera dans l’Histoire sous le nom de Makhnovtchina et qui combattra les troupes fidèles au Tsar- les armées blanches, mais également contre les nationalistes ukrainiens, les troupes austro-allemandes et enfin l’Armée Rouge. Après une vie d’exil dans de nombreux pays européens, Makhno finira sa vie en France, travailleur dans les usines Renault, avant de mourir accablé par la maladie et la misère. Il participa à la fin de sa vie à l’élaboration du mouvement plateformiste, un mouvement libertaire qui, nourri de l’échec de l’organisation des différents courants anarchistes et de leur incapacité à former un front uni, prône une organisation plus « centralisée ».
Influencé par la pensée anarchiste et communiste dès sa jeunesse, Makhno va profiter de la révolution russe pour participer à la révolution en Ukraine, pays alors composé en grande partie de paysans. Il va fédérer autour de lui jusqu’à 25 000 partisans qui prendront part aux combats contre les armées contre-révolutionnaires, tsaristes et nationalistes. Souhaitant s’émanciper de la tutelle d’un parti bolchévique perçu comme trop centralisé et autoritaire, Makhno et son armée, libertaires convaincus, vont peu à peu prendre leurs distances avec Moscou. Poursuivant leur propre agenda, les bolchéviques signèrent en 1918 le traité de Brest-Litovsk qui permit aux armées allemandes de pénétrer en Ukraine. Se servant de la Makhnovtchina pour gagner certaines batailles, Moscou fini par trouver cette armée trop autonome et gênante et participa à sa chute ainsi qu’à celle de Nestor Makhno qui, devenu persona non grata, dû s’exiler en Roumanie puis en Pologne et enfin à Berlin puis en France où il finira ses jours en 1934.

Ce livre montre l’histoire incroyable d’un homme et de son armée qui n’était pas exempt de contradiction. En effet malgré une pensée anarchiste ayant donc une vision très « horizontale » de l’organisation politique et pratique des peuples, la Makhnovtchina n’en fut pas moins une armée très centrée autour de son leader et Makhno un personnage pouvant parfois apparaître comme autoritaire.

Un livre historique, comprenant donc de nombreux chiffres et dates mais peu compliqué à lire et qui permet de comprendre une partie peu connue de la révolution russe de 1917 et ses conséquences, notamment en Ukraine. Le livre se concentre plus spécifiquement sur la période de la Makhnovtchina et moins, même si elle est évoquée, sur la période de la vie de Makhno en exil et sur son apport théorique à la pensée anarchiste.


Makhno, une épopée.
Malcom Menzies
L’échappée ; 247p