Tout.es les citoyen.es du bassin de la Vilaine ont jusqu’au 14 novembre 2025 pour contribuer à la consultation publique sur la révision du SAGE (Schéma d’ Aménagement et de Gestion de l’Eau). En jeu : une règle limitant (pour la première fois en France) l’usage de certains pesticides près des aires de captages d’eau potable. La Confédération Paysanne appelle à soutenir cette mesure.
Par l’union locale de la Confédération Paysanne
Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) est un document de planification visant la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, en quantité comme en qualité. Le SAGE Vilaine est élaboré par la Commission Locale de l’Eau (CLE) pour fixer les objectifs et les orientations des usages de l’eau par les différents acteurs du territoire. Il vise à concilier la satisfaction et le développement de ces usages et la protection des milieux aquatiques. Institué par la loi sur l’eau de 1992, le SAGE, est un instrument essentiel de la mise en œuvre de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCEE).
Un bassin-versant fragilisé
Le bassin-versant de la Vilaine couvre 11 000 km² et s’étend sur 6 départements (Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Morbihan, Mayenne et Maine et Loire). Il est riche d’une histoire et d’une biodiversité variées. La Vilaine connaît aussi des étiages remarquables : le niveau des eaux baisse sévèrement, ou, au contraire, une grande partie de son bassin est parfois soumis aux inondations. En raison de sa géologie, 72 % de l’eau potable puisée dans le bassin versant provient des eaux de surface (rivières et barrages), ce qui la rend plus sensible aux pollutions.
Gérer les ressources en eau d’un territoire aussi vaste en prenant compte d’autant d’enjeux, est l’objectif du document appelé SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux). Son but est d’améliorer la qualité de l’eau et des milieux aquatiques tout en permettant de satisfaire les différents usages de l’eau (eau potable, agriculture, industrie, loisirs…) et de préserver la biodiversité. Il a la capacité de réglementer les actions qui sont néfastes aux rivières et milieux aquatiques.
Ce document est rédigé par la CLE (Commission Locale de l’Eau). On l’appelle aussi « parlement de l’eau » car elle est composée pour majorité d’élus locaux et de services de l’État mais aussi d’acteurs économiques (chambres d’agricultures, agriculture bio, industries, conchyliculture…) et associatifs (associations de protection de l’environnement, de consommateurs, de pêche…).
Début 2022, en raison de la fragilité du territoire, les membres de la CLE ont pris, à l’unanimité, la décision de lancer la révision du SAGE Vilaine.

4 mesures phare pour protéger l’eau
Pour tenter de répondre à cette situation, les membres de la CLE (Commission Locale de l’Eau) ont proposé plusieurs mesures pour renforcer les ambitions du SAGE Vilaine, en particulier :
- Une meilleure protection des zones humides, avec une interdiction de destruction dès le premier m²;
 
- Une règle limitant (pour la première fois en France) l’usage de certains pesticides dans certaines aires d’alimentation de captages d’eau potable. L’utilisation des herbicides y sera interdite sur les parcelles de maïs les plus sensibles au ruissellement, soit une superficie de l’ordre de seulement 160 km² ;
 
- L’interdiction d’urbaniser en zone inondable;
 
- Différentes mesures visant à réaliser des économies d’eau pour les usages domestiques et économiques…
 
Donner son avis : un droit et un devoir
Certains représentants agricoles (FNSEA, JA…) et quelques collectivités souhaitent poursuivre leurs pratiques (utilisation d’intrants, urbanisation, irrigation…) au détriment de la préservation de la santé et de l’environnement. Ils font peser leurs pressions depuis plusieurs mois pour affaiblir le SAGE (manifestations, courriers, interventions imprévues lors de conseils municipaux…). Pour contrer ce lobbying, il est important d’être nombreuses et nombreux à répondre à cette consultation afin d’exprimer d’autres volontés citoyennes et de maintenir l’ambition de ce document. C’est essentiel pour notre ressource en eau, pour nous, notre santé, nos enfants, pour notre modèle agricole mais aussi pour les milieux naturels. Plus nous serons nombreux et nombreuses à nous exprimer, plus nous serons entendu.es !
Le 12 décembre 2025, la CLE se réunira pour voter pour ou contre cette révision, puis le préfet de région donnera un avis final début 2026. Vos avis comptent, nous nous battrons jusqu’au bout pour qu’ils soient entendus par les préfets des cinq départements concernés !
Lien pour accéder à la consultation : https://www.registre-dematerialise.fr/6738/