Ça bitume à fond ! Les machines travaillent sur la voie verte. Pour soi-disant faciliter la mobilité au travail en vélo, le Département du Morbihan entend recouvrir le chemin touristique de l’Oyon d’une couche de 4 centimètres de bitume. Mais tous les maires ne sont pas d’accord. Jusqu’à quand ?
Par Daniel Hérard.
En ce moment, les nivelleuses de route sont en train de travailler sur la partie de la voie verte de la commune de Guer. Le Conseil départemental du Morbihan a proposé de bitumer la voie verte entre Guer et Ploërmel dans le cadre du schéma des mobilités. Une proposition qui avait été présentée aux maires concernés le 12 mai 2023 lors d’un conseil communautaire de l’OBC ( De l’Oust à Brocéliande Communauté ).
Les maires de Porcaro et d’Augan, respectivement Mme Sylvie Chedaleux et M. Guénaël Launay, avaient fait part de leurs doutes sur la pertinence de cette «proposition». A cela, la maire de Saint Malo de Beignon, aussi conseillère départementale, Mme Marie-Hélène Herry, avait alors tempéré : «Ce n’est qu’une proposition. Si vous n’en voulez pas, elle ne se fera pas. Le Département ne travaille pas contre les élus locaux…» – et d’ajouter qu’elle s’engageait à interroger les services du Département sur les différents revêtements possibles pour une voie verte, et trouver une solution plus respectueuse de l’environnement que le bitume. Déambulaterre a demandé plusieurs fois à Mme Herry de l’entendre sur ce sujet, elle n’a pas répondu.
Interrogé le 26 juin 2024, Mme la maire de Porcaro, Sylvie Chedaleux, a bien fait part à Déambulaterre de son refus de bitumer la voie verte : «Moi, je pars du principe qu’une voie verte n’a pas à être goudronnée, parce qu’à Porcaro, on a des randonneurs, des vététistes, deux fermes équestres … Et je ne suis pas sûre que des personnes l’utilisent pour se rendre au travail. Sur notre secteur, c’est plus pour le tourisme que pour autre chose. Cela n’empêche pas de l’utiliser même quand on va travailler. En l’état, je la trouve praticable à vélo.»
Pour M. Launay, maire d’Augan, «De but en blanc, je dirais que enrober la voie verte, c’est une connerie. J’avais donné mon point de vue au Conseil communautaire. Quand on pose les chiffres sur la table, c’est 14 km de long, sur 3 mètres de large, c’est 4 hectares de bitume. Est-ce vraiment la bonne solution technique ? La proposition qui est faite , c’est de rénover la voie verte pour la rendre plus roulante. Mais est-ce que voie verte et bitume ne sont pas un peu antinomiques ?»
Par contre, M. Bléher, maire de Guer et président du Conseil de la communauté de communes, n’a pas attendu une solution d’enrobement plus respectueuse pour l’environnement : il a lancé les travaux de bitumage.
Encore une fois, fâcheusement, l’aspect économique a primé et la solution représentant le moins d’entretien a été choisie. Voilà ce qui se passe dans un État qui diminue les budgets d’entretien des chemins et des routes et fait disparaitre les postes d’agents départementaux ou communaux. Il ne faut pas oublier qu’il y a quelques années, la voie verte était nettoyée quatre fois par an. Les agents, alors plus nombreux, passaient la souffleuse. Aujourd’hui, avec le bitume, ce sera beaucoup moins !
Mais que veut-on ? Va-t-on bitumer tous les chemins forestiers sous prétexte que c’est moins cher à entretenir, sans considérer que se balader dans un sous-bois sur une route bitumée ne parait pas très engageant ?
Alors quelle est la suite des évènements ? Le département, en propriétaire de la voie verte, va peut-être laisser pourrir la situation en n’entretenant plus la voie verte sur les parties non bitumées… Les feuilles et la végétation ne manqueront pas de s’y installer. Des usagers se plaindront auprès des maires qui ont souhaité des solutions avec des revêtements plus adaptés que le bitume. Finalement, les maires réfractaires se résoudront-ils à accepter la voix , et la voie, départementale ?