Les noces infâmes entre technologie et capitalisme nous précipitent chaque jour un peu plus loin, dans un scénario dystopique du plus mauvais gout.

Par Talmo

S’il y a toujours dans le champ numérique un peu de l’ADN de ses pionniers (universitaires humanistes et libertaires), il est majoritairement piétiné et dominé par les libertariens. Ils incarnent une version moderne d’un capitalisme autoritaire pas si en forme qu’il n’y parait.

Qu’un Peter Thiel (PayPal) se gargarise d’un libertarianisme profond, de fin du monde décomplexée et (allons y tant qu’on y est !) d’antéchrist. Que Zuckerberg se rêve en mascu avec ses gourmettes toutes pourries. Et que Elon Musk fasse des saluts nazis pour célébrer l’avènement du grotesque Ubu… C’est la nouvelle donne, on le sait.

Ça pue mais on le sait.

Alors que reste t’il de cet esprit émancipateur du logiciel libre, partageur qui a offert Arpanet puis Internet ? Ou sont les communs numériques et les réseaux de solidarité, d’échanges de savoirs ?

Si si, il sont là, certes moins dans la lumière que ces magnats d’une industrie totalisante, mais ils sont là encore : les tutoriels, Wikipédia, LibrOffice, Public domain, Linux…

Talmo

Dans son bouquin, Cory Doctorow revient d’abord sur la naissance et l’essor de ces géants de la Tech. Comment ont-ils construit leurs monopoles et pourquoi est-il malaisé de les quitter pour des opérateurs plus vertueux ?…

Pourtant s’en affranchir nous éviterait d’enrichir les entreprises de la Silicon Valley qui nous imposent leur modèle économique et social dégueulasse. Mais surtout, nous éviterions de les enrichir de nos données, de nos profils utilisateurs dont ils tirent des bénéfices conséquents : un bénéfice pécuniaire ET un bénéfice stratégique. 

Connaître l’identité des français amateurs de jus d’orange bio et unijambistes, c’est un levier d’influence politique qui peut s’avérer efficace !

Au contraire, nous devrions pouvoir imposer l’interopérabilité (1), pouvoir réparer nos technologies, ou encore interdire les verrous numériques qui empêchent par exemple, d’utiliser nos biens comme nous l’entendons au nom de CGU ( conditions générales d’utilisation) douteuses.

Cory Doctorow, connaît son sujet : il a longtemps travaillé dans la branche avant de se mettre à écrire de la science-fiction. Le monde numérique l’interpelle, le fascine, le chagrine. Cory Doctorow nous donne des clés pour le comprendre et le transformer.

Si vous ne voulez pas acheter un gros bouquin pour mieux comprendre l’alpha et l’oméga de la technopolitique, vous pouvez lire « détruire le capitalisme de surveillance », c’est en ligne, traduit et gratoche. Et en cadeau, vous trouverez quelques outils pour comprendre et détruire le techno-fascisme. Ce qui peut être utile.

Ici en ligne en six parties : https://framablog.org/2020/09/26/detruire-le-capitalisme-de-surveillance-1/

« Le rapt d’Internet » de Cory Doctorow / C&F éditions

Note :

1 : L’interopérabilité est la capacité d’un système ou d’un programme à s’exporter vers d’autres.